mercredi 30 juin 2010

Pourquoi le Canada a-t-il évité la crise?

Parce qu'elle n'est pas encore commencée...


Nous sommes tous Américains aujourd’hui

Marc gère les prêts hypothécaires dans une grande banque. Et il commence à stresser. « De plus en plus de dossiers me font peur. Un client doit 60 000 $ en cartes de crédit, et veut que je refinance son hypothèque pour les rembourser! » Un autre utilise sa maison comme guichet automatique. « Le gars a refinancé son hypothèque huit fois. Chaque fois pour s’acheter ski-doo, camion, bateau… Le jour où le prix de sa maison baisse, ce gars-là va tout perdre. »

Cette scène se déroule aux États-Unis? Non. À Montréal. Oubliez la fête du Canada. En partie grâce à nos politiciens, nous sommes tous devenus Américains. Version 2007. Quelques mois avant que leur économie s’écroule.

Rappelez-vous ce qui a provoqué la crise financière : la banque centrale (la Fed) a sabré les taux d’intérêt, et les a maintenus trop bas, trop longtemps. Que faites-vous quand les taux d’intérêt sont bas? Vous empruntez pour acheter une maison. Vous prenez une marge de crédit et achetez une auto. Épargner? Quand un certificat de placement rapporte 1,5 %? Non merci. Avec l’aide de banquiers « créatifs », on a gonflé la plus grosse bulle immobilière et d’endettement de l’histoire. Cette bulle se dégonfle aujourd’hui, laissant des millions de chômeurs derrière elle.

Que font nos politiciens ici? La même chose. La Banque du Canada maintient au plancher les taux d’intérêt depuis près de trois ans maintenant.

Vous connaissez Fannie Mae et Freddy Mac? Ces sociétés de prêts ont coûté jusqu’ici 250 milliards aux contribuables américains. Nous avons leur pendant ici : la SCHL. Cette société de la couronne assure environ 60 % des prêts hypothécaires des banques – généralement les plus risqués. L’an dernier, le gouvernement a permis à la SCHL de mettre sur ses livres jusqu’à 600 milliards $ d’hypothèques. 150 milliards de plus que l’année précédente. Les contribuables se portent garants de la SCHL en cas de pépin. Les banques courent donc peu de risque à prêter à des gens qui n’en possèdent aucunement les moyens. Croyez-vous qu’elles se gênent pour le faire?

Conséquence : les gens achètent tout ce qui bouge, à crédit. Le prix moyen d’une maison à Vancouver dépasse aujourd’hui 700 000 $. À Toronto, vous devez allonger 400 000 $ pour un bungalow. En même temps, les Canadiens croulent sous les dettes. Un sur quatre serait incapable d’affronter une dépense imprévue de 5000 $, selon un sondage. Même en utilisant sa carte de crédit!

Nous avons créé une légion d’emprunteurs à haut risque. Un réfrigérateur brisé, et c’est la faillite. Si les taux d’intérêt grimpent, si l’économie américaine rechute, ou si le prix des maisons baisse… Le château de cartes canadien s’écroule.

Nos politiciens doivent comprendre qu’une saine économie se bâtit en épargnant, pas en s’endettant. En attendant, nous voilà les Américains de 2007. On comprend pourquoi le Canada s’est bien sorti de la crise jusqu’ici : elle n’est pas encore commencée.

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