dimanche 11 avril 2010

Écrasement d'un avion contenant les 'élites dirigeantes' Polonaises, ou le traitement médiatique différentiel

Comparons la couverture médiatique d'un écrasement d'avion contenant des 'gens ordinaires' à celle réservée à l'écrasement d'un avion Russe contenant le président Polonais et son état-major.

Je ne veux pas minimiser la tragédie humaine représentée par cet accident, loin de là.

Mon intention est plutôt d'attirer l'attention sur la couverture médiatique demesurée accordée à un événement funeste impliquant des 'gens importants' et des 'élites sociales', par opposition à des événements tout aussi meutriers impliquant des 'gens ordinaires'.

Comme Orwell disait si bien, 'All animals are equal, but some are more equal than the others'.

Via le blogue du QL:

Tragédie mondiale: des politiciens et bureaucrates polonais se tuent dans un accident d'avion

par Martin Masse

PolandCombien de gens suivent de près la politique polonaise au Québec? Une poignée sans doute, presque tous des immigrants d'origine polonaise. Mais attention, quand un président de la république et des bureaucrates polonais se tuent dans un accident d'avion, ça devient un événement d'intérêt mondial qui nous touche nous aussi, et il faut tous verser une larme et compatir avec les pauvres Polonais qui viennent de perdre quelques-uns de leurs parasites étatiques. «World grieves for Poland» titrait ce matin la Gazette en grosses lettres, une manifestation parmi bien d'autres de l'étrange hystérie médiatique entourant cet événement.

Il survient pourtant un écrasement d'avion ou une autre tragédie quelconque pratiquement chaque semaine quelque part dans le monde. Tiens, le pire accident minier depuis 40 ans aux États-Unis est survenu cette semaine en Virginie occidentale. Le monde pleure-t-il pour les Virginiens? Non bien sûr, ce n'était que des mineurs, du monde ordinaire. Pas des demi-dieux comme le sont les chefs d'État, leurs conseillers et leurs hauts fonctionnaires.

Les nouvelles reflétant ce que pense non pas le monde ordinaire (qui se fout des politiciens polonais comme de l'an quarante) mais plutôt l'élite près du pouvoir pour qui tout ce qui se passe d'important dans le monde découle de décisions politiques, c'est le désarroi émotif de cette dernière qu'on nous présente. Lorsque des parasites étatiques se font tuer, toute la clique mondiale de parasites étatiques se manifeste donc pour entretenir le mythe qu'il s'agit d'une épouvantable tragédie: «World leaders expressed shock and sorrow over the terrible accident», nous annonce l'article de la Gazette.

Notre parasite étatique en chef, Stephen Harper (ou plutôt un fonctionnaire quelconque du ministère des Affaires étrangères chargé de ce genre de tâche), a lui aussi exprimé en notre nom la tristesse et les condoléances des Canadiens: «It is with shock and profound sadness that I learned this morning of the terrible tragedy that has today befallen the people of Poland. On behalf of the government of Canada and all Canadians, I wish to express my deepest sympathy, and my sincere condolences, to the government and people of Poland on this very sad day.» Entre États, il faut bien s'appuyer.

Évidemment, comme personne au Canada n'avait la moindre idée de qui était le président polonais jusqu'à hier, ni les hauts fonctionnaires qui l'accompagnaient, ce ne sont là que des formalités diplomatiques sans aucune pertinence. Pourquoi alors faire des manchettes et remplir des colonnes de journaux avec ces insignifiances alors qu'il se passe des choses bien plus importantes dans le monde? Parce qu'alimenter la vénération des masses envers le pouvoir est l'une des fonctions essentielles des médias conventionnels. Cette rhétorique vise non pas à nous informer sur les sentiments des Canadiens ni sur la situation réelle des Polonais, mais bien à renforcer le culte des hommes d'État. Exactement comme les médias l'ont fait il n'y a pas longtemps lors dudécès du sénateur Edward Kennedy, sûrement l'une des figures les plus méprisables de la clique étatique américaine, qu'on a pratiquement déifié lors de cérémonies dignes de l'empire romain.

La philosophie libertarienne, c'est une série de principes et de solutions pour garantir une société plus libre. Mais c'est aussi une attitude. Nous sommes quotidiennement intoxiqués par des images et des émotions étatistes comme celle-ci en lisant les journaux et écoutant la télévision. Être libertarien, c'est aussi être capable de résister à cette manipulation de masse et remettre les choses en perspective.

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