Si on essayait la fin du monde?
Encore une fois, on prend l’argent des contribuables pour le donner aux grandes banques.
Quoi? Vous pensez que la Commission européenne injecte 60 milliards d'euros, que les pays membres de la zone euro allongent 440 milliards en prêts et garanties de prêts, tout ça pour aider le pauvre peuple grec? Les pauvres portugais? Le peuple italien?
Vos pensez que le Fonds monétaire international (FMI) crache 250 milliards – qui proviennent des contribuables du monde entier – pour protéger la veuve et l’orphelin des méchants spéculateurs?
Non. Si les pays d’Europe endettent aujourd’hui leurs citoyens, et que la banque centrale imprime des Euros – réduisant du coup la valeur des Euros existants –, c’est pour sauver… les banques.
Faut les comprendre. Les banques suisses détiennent 20 % de la dette grecque. Les banques allemandes et françaises détiennent ensemble pour 119 milliards $ de créances grecques, et plus de 900 milliards $ de dettes d’autres pays en difficulté comme le Portugal, l’Irlande et l’Espagne. Si le dirigeant d’une de ces banques était pris pour vendre sa Maserati, imaginez les conséquences pour l’économie mondiale…
Bref, on pige dans les poches de tous les Européens, et on donne l’argent aux grandes banques d’Europe et à leurs actionnaires. On redistribue la richesse des pauvres aux riches. Comme on le fait depuis deux ans aux États-Unis. On force les responsables à prêter aux irresponsables.
C’est ça ou l’apocalypse
Il le faut, nous dit-on. Car sinon, ce sera la « fin du monde ». Les faillites de banques vont entraîner toute l’économie dans un trou noir! C’est drôle, plus de 230 banques ont fermé aux États-Unis depuis le début de la crise. L’aviez-vous remarqué? La FDIC – l’agence qui garantit les dépôts bancaires aux États-Unis – s’assure que les faillites s’opèrent de façon ordonnée. Les banques solides ravissent les parts de marché des banques qui tombent, ainsi que leurs clients. Et personne ne meurt!
Si ça marche pour ces banques, ça peut fonctionner pour un dinosaure comme la banque Goldman Sachs, ou le géant suisse UBS, non? Ces banques qui passent plus de temps à jouer au casino qu’à prêter à des entreprises. Bien sûr une banque d’affaires comme Goldman Sachs, qui détient des tonnes de produits dérivés – des contrats où l’on parie sur le prix futur d’à peu près n’importe quoi – coulerait beaucoup de monde avec elle. Mais quelle est l’alternative? Laisser ces banques prendre des risques énormes en sachant que les contribuables payeront toujours la note si ça tourne mal?
Après tout, la stratégie de renflouer les banques semble loin de fonctionner. Qu’a-t-on réglé depuis deux ans? Le chômage atteint toujours des sommets aux États-Unis. Le marché immobilier recommence à chuter. L’économie est sur un respirateur artificiel, et les soupes populaires n’ont jamais été aussi populaires.
Mais surtout : en prenant les dettes du privé et en les mettant sur le dos des contribuables, on a aggravé la situation. Car c’est maintenant nous (les États et les contribuables) qui, lourdement endettés, avançons fatalement vers la faillite. Or nous, qui va nous sauver?
Tant qu’on refuse de laisser les mauvais parieurs – la plupart des grandes banques – encaisser leurs pertes et manger leurs bas, on retarde la véritable reprise économique. Tant qu’on refuse de laisser l’économie se purger de ses mauvaises créances, et qu’on refile la facture aux citoyens, on empire le problème. Et on sème les graines d’une crise bien plus grosse à venir.
Si on essayait la « fin du monde » pour changer?
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