Par David Descôteaux:
Le cadeau de Noël de la SAQ
13/12/2010
Décembre… Pour plusieurs d’entre vous, ça veut dire un voyage ou deux à la SAQ, question de faire provision de bons vins et d’alcool pour le temps des fêtes.
Pour moi, ça veut dire écrire une chronique sur la SAQ. Et à quel point les consommateurs québécois se font plumer.
La nouvelle est sortie hier. La SAQ va hausser les prix de ses bouteilles dès février prochain. Une hausse de 5 ¢ sur les bouteilles de vin et de spiritueux. Ça lui permettra de piger 15 millions $ de plus dans vos poches en 2011.
Pourquoi chialer pour cinq sous? Parce qu’on paye déjà un prix de fou. Savez-vous quelle marge se prend la SAQ sur chaque bouteille? De 40 % à 135 %. Elle achète un vin 5 $, se prend une cote de 7 $ et vous le revend 15 $ (incluant les taxes). Pour en savoir plus, lisez l’éclairant Où sont les vins? de l’économiste Frédéric Laurin.
L’État engraisse? Vous payez!
Faudra vous habituer à payer toujours plus cher. La SAQ est une société d’État, qui a comme mandat de verser un gros dividende annuel au gouvernement. Lors du dernier budget du Québec, la société a promis de livrer 115 millions de dollars additionnels au gouvernement d’ici 2012. (Elle lui verse déjà environ 750 millions par année.)
La SAQ pourrait y parvenir en diminuant ses coûts. Mais en janvier, elle a donné des augmentations de salaire à ses employés. Jusqu’à 31 % d’augmentation sur huit ans. Sa masse salariale va passer de 100 à 123 millions de dollars. Peut-être en réduisant les bonis? Bonne chance. Ils ont augmenté de 134 % entre 2005 et 2009.
Non. La SAQ va faire la seule chose qu’elle sait faire: hausser le prix de ses bouteilles. Si on est chanceux, elle va peut-être aussi économiser quelques sous en augmentant sa productivité.
Les consommateurs de vin vont encore une fois payer pour l’incapacité du gouvernement à réduire ses dépenses.
À quand la concurrence?
Remarquez, je ne blâme pas la SAQ. Elle maximise son profit, comme toute bonne entreprise. Le problème, c’est le monopole que lui confère la Régie des alcools. Si on veut du vin, on doit l’acheter à la SAQ. Et sans concurrent, celle-ci peut nous saigner.
Pour que les prix baissent, il faut permettre à des boutiques de vins de concurrencer la SAQ. Et permettre aux gens d’acheter des bouteilles de partout dans le monde via l’internet, sans passer par cette société d’État. Vous aimez le Shiraz Jacob’s Creek 2007? On en trouve à 6,53 $ au New Jersey. À la SAQ, la même bouteille coûte 14,90 $. Ce vin et des milliers d’autres s’achètent par l’internet. Livrés à votre porte en moins de deux semaines.
En Belgique, pays dont la population et la culture ressemblent au Québec, le marché est libre. Des centaines d’entrepreneurs se concurrencent. La diversité de bouteilles est le triple d’ici, pour le tiers du prix.
Mais cessons de rêver en couleur. Comme le gouvernement refuse de réduire ses dépenses, il aura besoin de la SAQ et de son monopole dans les années à venir. Attendez-vous à de nouvelles hausses de prix, jusqu’à ce que les finances publiques soient en équilibre. C’est-à-dire pour encore très, très longtemps.
Que voulez-vous? Chez nos politiciens, la modération a bien mauvais goût.
The Eagle and the Viper
Il y a 2 ans
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