mercredi 1 décembre 2010

La lutte des classes


On connait le refrain Marxiste comme quoi l'histoire humaine serait basée sur la lutte entre les travailleurs (prolétaires) et les rentiers (détenteurs de capital).

Toutefois, il semble que la vraie lutte des classes réside entre les contribuables (tax payers) et les récipiendaires de ces 'contributions' (tax eaters).

Cette lutte risque de déterminer la prochaine décennie.


Les blindés, et le reste

30/11/2010

Devrait-on payer plus cher nos fonctionnaires québécois? C’est la conclusion à laquelle on pourrait arriver en lisant le rapport dévoilé aujourd’hui par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

La rémunération globale – incluant avantages sociaux – des employés de l’État québécois accuse un retard de 5,6 % sur celle de l’ensemble des autres Québécois, apprend-on. L’an dernier, ce retard était de 3,7 %. Comment expliquer ce recul?

En grande partie parce que les autres fonctionnaires – du milieu municipal et fédéral, des sociétés d’État et du milieu universitaire – ont vu leurs conditions s’améliorer, et font grimper la moyenne. L’écart entre ces derniers et les fonctionnaires québécois s’établit aujourd’hui à 16,7 %, en hausse de 3,2 % par rapport à 2009.

Qu’en est-il des travailleurs du secteur privé non syndiqués – soit la majorité des Québécois? L’écart entre leur rémunération globale et celle des fonctionnaires de l’administration publique québécoise s’est réduit quelque peu en 2010. Mais les fonctionnaires demeurent avantagés (+ 7,8 %).

Les « vrais » avantages

Notons en passant que l’étude de l’ISQ n’inclut pas les ententes de principe signées il y a quelques mois entre l’État et ses fonctionnaires. On se rappellera que le syndicat s’est assuré d’une hausse de salaire de 7 % sur cinq ans. Les syndiqués peuvent aussi obtenir une majoration de 3,5 %, dépendant de la croissance du PIB.

Mais surtout, le concept de « rémunération globale » de l’étude exclut deux éléments cruciaux, qui avantagent nettement les syndiqués de l’État. D’abord, l’avantage d’avoir des régimes de retraite à prestations déterminées. Trois employés de l’État sur quatre en possèdent, selon l’ISQ. La beauté de ce régime : vous êtes assurés d’obtenir des prestations de retraite établies d’avance. Si le marché boursier chute, les contribuables vont le renflouer. C’est ce qui se passe en ce moment à Montréal, où le maire Tremblay doit hausser les taxes pour renflouer les régimes de retraite des syndiqués. Seul un travailleur du privé sur cinq jouit d’un tel régime « Cadillac ». Le reste d’entre nous prie pour que la bourse tienne bon, afin de préserver ce qui reste de nos RÉER.

Autre élément crucial : les données de l’ISQ occultent la sécurité d’emploi. Or, trois employés de l’État sur quatre en jouissent, selon l’institut. En période de crise économique, cette sécurité vaut de l’or. Combien? L’ISQ est incapable de le chiffrer. Mais pour obtenir un ordre de grandeur : de source sûre, on a offert aux employés de la défunte Agence des PPP du Québec de renoncer à leur sécurité d’emploi… contre une hausse salariale de 17 %. Et ils ont refusé!

Deux classes moyennes

Bref, quand on considère l’ensemble des avantages des employés de l’administration québécoise, on voit que ces derniers s’en tirent beaucoup mieux que la majorité des travailleurs du privé non syndiqué. C’est encore plus vrai pour les employés municipaux et des sociétés d’État, les « gras dur » du système.

La crise économique est loin d’être terminée. Plus elle va secouer le Québec, plus elle jettera des travailleurs à la rue. Conséquence : dans les années à venir, la sécurité d’emploi et la pension de retraite garantie deviendront des luxes. Ce qui va compter, c’est avoir un travail. Peu importe le salaire. Et des sous pour survivre à la retraite.

En ce moment, seuls les employés du secteur public (pas tous) possèdent une sécurité d’emploi. Le reste d’entre nous se croise les doigts pour éviter le couperet, qui peut tomber à tout moment.

La classe moyenne se scinde tranquillement en deux au Québec : une classe moyenne blindée, et une classe moyenne vulnérable, qui fait vivre la première.


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