Le père Noël est mort
Hier, des millions d’Américains dégoûtés par la politique ont exigé du changement. Ils ont porté au pouvoir des candidats qui promettent de réduire les dépenses, et faire vivre l’État selon ses moyens.
« Ne me demandez pas comment nous allons créer des emplois », disait Rand Paul, sénateur depuis mardi, devant une foule du Kentucky en avril dernier. « C’est vous qui allez créer des emplois. Si nous nous tassons du chemin. »
À Toronto, le nouveau maire Rob Ford a passé sa carrière de conseiller municipal à dénoncer les dépenses et privilèges de ses collègues. « La fête avec l'argent des contribuables est terminée », a répété cet entraîneur de football pendant sa campagne.
En Angleterre, le nouveau gouvernement de David Cameron va mettre l’État au régime. Il va supprimer 490 000 emplois publics d'ici 2015. Une majorité de la population l’appuie.
L’ère des huissiers
Historiquement, les politiciens ont toujours joué au père Noël. Mais ce temps est révolu, dit Éric Duhaime, cofondateur du Réseau Liberté Québec, un mouvement citoyen qui prône plus de liberté de choix et de responsabilité individuelle. « C’est le fun être un père Noël, donner des cadeaux et recevoir des becs de tout le monde. Mais le prochain type de politicien qu’on a besoin, au Québec et ailleurs, c’est un huissier. Un gars qui va défoncer des portes, casser des jambes et aller chercher des chèques. »
Ce travail-là sera moins glamour. Les coupes de rubans par une belle journée ensoleillée se feront rares. Pas surprenant que de moins en moins de gens veulent aller en politique, dit Duhaime. « Historiquement les politiciens étaient habitués à se faire dire ‘’merci beaucoup mon beau monsieur, merci de me donner une route, un aréna. Merci de mettre ça sur la carte de crédit de mes enfants.’’ Aujourd’hui, la carte de crédit est pleine. »
La tâche sera difficile et ingrate. Mais la mission, noble : satisfaire les besoins du peuple, au lieu de satisfaire les caprices de groupes bien connectés politiquement. Les contribuables en ont marre qu’on utilise leurs impôts pour sauver des banquiers millionnaires, pour lancer des guerres ou pour plaire aux syndicats.
Au New Jersey, le gouverneur Chris Christie est si populaire qu’on le perçoit comme un futur président. Son message : cessons de prendre des décisions à courte vue qui nous mettent dans le trou. « Cette année, plusieurs employés de l’État vont obtenir une augmentation de salaire de 11 %. Ça va coûter 300 millions $ aux contribuables du New Jersey, alors que des milliers d’entre eux s’estiment chanceux d’avoir encore un travail. C’est insensé. »
Le père Noël est mort. Les groupes d’intérêts risquent de s’étouffer avec leur bas… et les oranges qu’ils y trouveront.
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