mercredi 29 septembre 2010

Le ministre Bolduc va planifier personnellement les urgences, pour pallier aux défaillances de la planification


Même en Union soviétique, la planification n'était pas centralisée à ce point. Voici ce que j'écrivais il y a dix ans dans un éditorial intitulé Le chaos planifié dans les urgences:

Comme des drogués qui ont toujours besoin de doses plus fortes pour rester sur leur high et éviter de subir les effets du sevrage, les bureaucrates croient qu'il faut planifier toujours plus pour régler les problèmes causés par la planification. Et les injections de fonds à la dernière minute pour pallier à la crise ne sont évidemment qu'une solution temporaire qui ne change rien à la situation.

La crise des urgences ne peut se résorber que si l'on comprend, accepte et met en place une politique fondée sur la logique économique: i. e., il est impossible de planifier un secteur économique dans son ensemble, encore moins une économie au complet, comme le prétendent les communistes, socialistes, interventionnistes et autres étatistes tripoteurs de «leviers collectifs». Le problème n'en est pas un de compétence. Même les bureaucrates les plus compétents au monde ne pourraient gérer convenablement le réseau de la santé parce que l'information pour y arriver n'existe pas de façon centralisée, dans un bunker de la Grande-Allée. Elle ne peut être réduite à un organigramme compliquée comme ceux qu'affectionnent les gestionnaires du secteur public. Elle est au contraire dispersée dans la tête de milliers d'intervenants du réseau, les médecins, infirmières, urgentologues, administrateurs d'hôpitaux, et les patients eux-mêmes qui ont des choix à faire lorsqu'ils sont malades.

La «planification» ne peut se faire que dans un contexte limité, local, lorsque chacun de ces intervenants prend une décision en se fondant sur les informations disponibles. Chaque décision, relayée par les mécanisme du marché à l'ensemble du réseau, s'inscrit alors dans un ordre global. C'est ce que l'économiste de l'École autrichienne Friedrich Hayek a appelé «l'ordre spontané». C'est le seul ordre économique possible. À l'opposé, sans prix et sans marché mais avec une pseudo-planification centralisée sur le modèle socialiste, on obtient le chaos dans les urgences. Les ressources pour traiter les cas urgents manquent de façon chronique, malgré le bon sens élémentaire qui dit que c'est là qu'elles doivent se trouver, de la même façon qu'on connaîtrait une pénurie d'eau encore plus dramatique si on en gardait le prix artificiellement bas dans une situation de sécheresse extrême et de rareté, même si tout le monde comprend en théorie l'importance de la conserver pour les besoins essentiels.

M.M.

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